17 collectifs citoyens et associations ont cessé mardi 9 avril leurs activités – à l’exception des distributions alimentaires- pour interpeller l’Etat sur la situation critique des migrants à Paris, notamment face au manque de solutions d’hébergement.
« Moins de Dublin, sauf à la Saint-Patrick », « Macron en rétention, les exilés à l’Elysée ». Sur le parvis de la Rotonde à Stalingrad, dans le XIXème arrondissement de Paris, les pancartes rivalisent de créativité. Mais derrière quelques traits d’humour, les hommes et femmes qui les brandissent sont en colère. Mardi 9 avril, une quinzaine d’associations et collectifs de soutien aux exilés ont décidé de faire grève, jugeant inacceptables les conditions de vie des migrants et demandeurs d’asile. Aujourd’hui, pas de cours de français, pas de conseil juridique, pas d’accompagnement médical. Juste un épuisement et une frustrations caractérisés sous le slogan « trop c’est trop ».
« Nous en avons ras-le-bol de devoir tout faire à la place de l’Etat, estime Christine, qui donne bénévolement des cours de français aux primo-arrivants. Il y a des centaines de gens qui dorment dans la rue tous les soirs, qui attrapent des maladies qui n’existaient même plus en France et ça ne dérange personne ». Comme Christine, parmi les quelques 300 personnes en grève symbolique, nombreuses sont celles qui dénoncent une situation très dégradée.
« Tant que les campements perdureront, la ville doit les accueillir »
« Je pense à cette dame qui est morte dans la boue à la Porte de la Chapelle, aux dizaines de blessés car on a laissé prospérer des groupes mafieux dans les camps, aux 10.000 migrants mineurs officiellement disparus à leur arrivée en Europe, énumère Clarisse, bénévole au sein du collectif Solidarités Migrants Wilson. Tant que les campements perdureront, la ville doit les accueillir ».
Face aux opérations répétées de démantèlement des camps dans la capitale et sa proche banlieue et l’attitude de la mairie de Paris et de l’Etat qui se renvoient la balle des responsabilités, les collectifs et associations déplorent une dynamique néfaste pour les personnes accueillies. « Nous ne sommes pas pris au sérieux dénonce Christine. A travers les pseudo opérations de « mise à l’abri » en cours depuis des années, le gouvernement et la ville cherchent à édulcorer ou cacher les réalités ».
Sur la place, un atelier d’écriture de cartes postales à destination du Président de la République a été improvisé. Là aussi, derrière la beauté des monuments emblématiques de la ville lumière, les propos de militants ne ménagent pas un Emmanuel Macron exhorté à « faire son boulot ».
Des mesures simples et dignes en urgence
« La situation ici est vraiment compliquée », explique dans un français hésitant Yared, un éthiopien débouté du droit d’asile arrivé en France il y a deux ans. Face à lui, des sans-papiers du collectif Schaeffer d’Aubervilliers déplient fièrement leur pancarte plastifiée. « On veut juste travailler et vivre en paix avec notre famille » précise Yared.
D’ici quelques jours, les représentants des associations d’aide aux exilés collectifs seront reçus par la mairie de Paris. Alors qu’Anne Hidalgo a récemment demandé à l’Etat un plan d’urgence pour repenser les dispositifs de premier accueil, l’impatience des citoyens est grande. « Des mesures simples et dignes doivent être prises en urgence » revendique Clarisse.
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